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Les 7 merveilles du Monte’ (2/7) 1973 : Walter Rohrl « le perfectionniste »


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1 réponse à ce sujet

#1 Jeff B

Jeff B

    Pilote qui creuse

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  • 23 messages

Posté lundi 22 janvier 2018 à 12:46

Le prestige du Monté Carlo tient pour beaucoup dans les hauts - lieus qui furent jadis le théâtre d’épopées homériques : Le Moulinon - Antraigues, St Bonnet le Froid,  Burzet… Ce sont les racines profondes de notre passion.

 

L’Ardèche, avec ses hauts plateaux et sa fameuse « burle » appartient au patrimoine mondial du rallye pour l’éternité et 1973 demeure encore dans les (plus vieilles) mémoires ! En cette 42ème édition, sur 270 partants, 140 se trouvèrent bloqués au départ de Burzet. Personne ne peut plus avancer ni reculer, la «  burle »  fait rage. Après avoir donnée plusieurs départs, l’organisation bloque le rallye. Quelques pilotes vont se retrouver piégés dans la tempête du plateau de Lachamp - Raphaël, beaucoup vont y laisser leurs espoirs…et d’autres créer la sensation ! Avec leurs 650 clous par pneu, les A110 1800 Gr4 franchissent les congères. Au volant d’une de ces dernières, Jean Luc Thérier réalise un grand numéro mais c’est surtout son équipier Jean Claude Andruet qui fut héroïque et signera un scratch mémorable ! Jean Claude rééditera son exploit dans St Jean en Royans et surtout dans la Madone où, en slicks sur le verglas, il prit des risques insensés pour venir à bout de la Berlinette d’Andersson et remporter la plus belle victoire de sa carrière.

Cet exploit extraordinaire occulta un peu la première participation à une épreuve mondiale d’un longiligne allemand de 26 ans, inconnu en France, qui dispute alors sa deuxième saison de rallyes. Au volant d’une peu agile Opel Commodore GSE, le pilote de RFA franchira le plateau de Lachamp - Raphael et l’arrivée, sans faire d’erreurs, tout en signant des chronos très étonnants. Son style, ses trajectoires et sa maitrise impressionnent. Ce n’est qu’un début !

 

Il sera bientôt l’homme à battre avant de devenir littéralement imbattable puis une véritable légende, principalement grâce à ses 4 victoires au Monté Carlo avec 4 constructeurs différents.

 

En 1975, Walter Rohrl, toujours au volant de cette même lourde Commodore Gr2 peu adaptée aux routes du rallye, réussi un 5ème temps scratch sur la neige de St Bonnet le Froid, au milieu des Lancia Stratos, des Fiat Abarth de Mikkola ou Alen et autre Berlinette…Le moteur de la teutonne cassera dans le Moulinon mais l’exploit est prémonitoire. Un avertissement ! En 76 il termine 4ème scratch au volant d’une modeste Kadett GTE derrière les trois intouchables Stratos mais devant Clark, Alen et Fréquelin bien mieux armés. Il échouera à nouveau au pied du podium en 78 avec une 131 Abarth mais c’est en 1980 que le talent du grand Walter se concrétise enfin. Lors de cette 48ème édition fort enneigée, l’association Rohrl / Fiat 131 / pneus Pirelli est intouchable ! Un exemple : dans la seule mythique spéciale du « Moulinon - Antraigues », Rohrl relègue sont suivant, Waldegard (au volant de la même monture) à 2 minutes en 36km !!! C’est Darniche, le vainqueur de l’année précédente qui montera sur la 2ème marche du podium final, mais à plus de 10 minutes…A noter que les 599km de chronos ont mis en évidence deux grands talents : Ari Vatanen qui claquera 2 scratchs au volant d’une Ford Escort et le jeune espoir italien Attilio Bettega qui occupe un temps la seconde place du général et qui ralliera le rocher princier au 6ème rang avec sa petite Fiat Ritmo !

 

Pour la 50ème, en  1982, 750 km de chronos au menu pour les 299 partants et un parcours relativement enneigé. Face à la révolutionnaire Audi Quattro d’Hannu Mikkola, c’est sur les portions sèches et propres que Walter construit son succès au volant de l’Ascona 400 grâce à son talent et l’efficacité parfaite de son pilotage épuré. Il se montre fin stratège et crée des écarts abyssaux ! Il est Inattaquable ! A noter la 8ème place d’un jeune Cévenol enthousiasmant de facilité au volant d’une R5 Turbo : Philippe Touren.

 

En 1983, passé chez Lancia, il pilote alors la célèbre 037 et son équipier est le très rapide Markku Alen. Une fois encore, il écrase le rallye et survole les spéciales ardéchoises. Une fois encore,  il signe un chrono fantastique dans « Le Moulinon – Antraigues » qui assomme tous ses adversaires. Markku Alen est KO ! Jean Claude Andruet lui aussi au commande d’une 037 ne « s’en remettra pas ! » Dans cette version de 37km25, Walter Rohrl  réussi un 24’30 qui ne sera jamais battu par la suite, pas même par Didier Auriol et la Delta Intégrale en 90 !!! L’Allemand avoua pourtant avoir réalisé une spéciale mitigée, ses pneus trop tendres se sont dégradés dès la mi - parcours, le contraignant alors de piloter du bout des doigts, tout en finesse…C’est là que la classe de ce pilote d’exception fait la différence. Son équipier finlandais reçoit 34’’ et, humilié, décide alors de tout tenter dans le chrono suivant de la « Souche - Col du Pendu ». . . De son propre aveu, il prend des risques insensés, frôle la correctionnelle à de nombreuses reprises, attaque au delà de ses limites pour reprendre au final… une seule seconde à Walter en 25km… La messe est dite !

 

1984, le géant allemand part rejoindre la marque aux anneaux, Audi. La Quattro est l’arme fatale. Mais Rohrl n’a jamais piloté de quatre roues motrices et ses équipiers sont Hannu Mikkola et surtout Stig Blomquist, spécialistes de la neige, de la glisse et…du pilotage des transmissions intégrales. Il ne faut pas longtemps à Rohrl pour prendre la mesure des deux nordiques, il leur infligea même une véritable correction sur la neige, réalisa comme à son habitude un temps « d’un autre monde » dans le Moulinon, 56’’ plus rapide que Blomquist…Tout en avouant à l’arrivée ne pas encore savoir exploiter l’Audi…Rohrl et l’Audi Quattro, c’était le couple démoniaque, « la Belle et la Bête » !

A Antraigues, Walter Rohrl est toujours presque aussi célèbre que Jean Ferrat. Il marqua des générations de passionnés.

Walter fit encore merveille sur les 3 éditions suivantes, notamment en Ardèche en 85. Dans la mémoire collective, son image reste à tout jamais associée à Audi. Il semblait être un des seuls, avec Henri Toivonen, capables d’exploiter les 550Cv des Gr.B sur des routes de montagne.

 

Avec le recul, on peut dire que Rohrl a marqué la discipline par ses exploits et sa classe autant que par sa quasi - absence d’erreurs. Il fut aussi précurseur dans le style de pilotage avec une priorité donnée à la motricité, à l’efficacité, aux trajectoires tendues, à la recherche de fluidité, dans l’absence obsessionnelle de corrections au volant…Ses trajectoires étaient toujours tendues au maximum, même en glisse et il utilisait parfaitement toute la largeur de la route, sans jamais dépasser la limite, sa limite. Markko Martin, dans les années 2000 avait un pilotage assez semblable…L’allemand avouait ne jamais piloter à plus de 95% alors que ses adversaires étaient tous à 101% pour essayer de suivre…donc souvent dehors !

Rohrl reconnaissait peu et disait n’avoir aucun respect pour les pilotes qui limaient les spéciales pour aller vite. Quelques unes de ses déclarations restent célèbres : …« un type ne doit pas apprendre à piloter, il doit avoir ça en lui, d’instinct » … ou  bien « je n’ai roulé que deux ou trois fois vite dans ma vie. C’était lorsque j’étais énervé. Le reste du temps, j’étais sous contrôle »

Walter admirait un seul pilote : Jean Luc Thérier ! Admiration réciproque ! Deux maitres de l’improvisation !

Il fallut attendre les années 2000 et Sébastien Loeb pour revoir un pilote exercer une telle domination sur le Monté Carlo et le rallye en général. Mais ceci est une autre histoire !..

 

 

Jeff Boulet


  • Tom, Tofrallye29, Dementia et 7 autres aiment ceci

#2 Dementia

Dementia

    Im-pul-sif.

  • Admi C-20
  • 4 895 messages

Posté lundi 22 janvier 2018 à 21:54

Magnifique hommage à cet homme qui avait 20 ans d'avance sur son temps en termes de pilotage.




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