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Les 7 merveilles du Monte’ (5/7) : 1992, Tommi Makinen « le Samouraï Finlandais »


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7 réponses à ce sujet

#1 Jeff B

Jeff B

    Pilote qui creuse

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Posté lundi 22 janvier 2018 à 13:02

Depuis les années 60, le rallye mondial fut par vagues successives envahi par des hordes de pilotes venant du froid, les fameux finlandais volants, les « Flying Finns ».

Non loin du cercle polaire, territoire septentrional entourée d’eau, la Finlande et ses immenses forêts est peuplée de fiers habitants qui, sous des apparences flegmatiques, sont animés par un courage légendaire, le fameux « sisu ».

 

Dans la région de Jyväskylä, au pays des lacs formés jadis par l’eau de fonte des glaciers, le relief tourmenté et chaotique est quadrillé de pistes forestières uniques et impressionnantes. Larges, rapides, bordés de feuillus et de conifères, les chemins finlandais, truffés d’énormes et d’innombrables bosses donnent l’impression d’évoluer en permanence dans un décor en 3 dimensions, entre terre et ciel. Au cours des années qui suivent la seconde guerre mondiale, ce réseau routier singulier devient un terrain de jeu incomparable pour les apprentis pilotes qui désirent se mettre au défi et comparer leur « sisu ». Ces premières stars de la glisse vont inexorablement influencer les prochaines générations.

 

En 1951, le premier Rallye des 1000 Lacs voit le jour. Il deviendra, avec le Monté Carlo, le rallye que chaque champion espère un jour remporter. Les difficiles et effrayantes pistes nordiques deviendront rapidement la chasse gardée des meilleurs pilotes locaux qui vont bientôt exporter leurs talents et leur science de la glisse. C’est aussi sur ce « juge de paix » que les teams - managers du monde entier viendront recruter quelques célèbres guerriers.

Le premier « Flying Finn » se nomme Timo Makinen et restera à tout jamais un précurseur, un modèle. Son style, acquis au cours de longs entrainements sur terre et neige, est fait de grandes glisses, de freinage grâce à la technique d’appel - contre - appel, d’anticipation, du fameux talon - pointe… L’équilibriste finlandais va faire plus qu’inspirer les générations futures, il va inventer une nouvelle façon de piloter et de glisser ! Le point d’orgue de la carrière du bucheron d’Helsinki sera 1965 quand il impose sa Mini Cooper S à Monté Carlo !

 

Quatorze ans plus tard, le championnat du monde « pilote » est créé. Depuis, les pilotes finlandais ont accumulés les titres, de Vatanen en 1981 à Gronholm en 2002 en passant par les Mikkola, Salonen…Les plus titrés de ces « vikings » de la route remportèrent 4 titres mondiaux chacun : Kankkunen et un certain Tommi Makinen qui, s’il n’est pas un homonyme de Timo en est bien le digne successeur.

 

Né en 1964 à Puuppola au milieu des lacs et des bois, Tommi apprend à conduire puis à piloter très jeune. En 1985, il débute sur une Ford RS 2000. L’ouvrier forestier démontre rapidement un talent évident mais il abandonne trois saisons de suite ( 87, 88 et 89)  lors de l’épreuve phare, les 1000 Lacs, « Ses » 1000 Lacs, et à chaque fois au volant d’une Lancia Intégrale ! Néanmoins, en 1989 il se fait remarquer loin de ses forêts en imposant sa Delta HF lors du Conca d’Oro en Italie…

1990, l’espoir finlandais s’engage dans une campagne mondiale en Coupe FIA GrN avec une Mitsubishi Galant VR4 et s’impose comme la révélation de l’année. Des liens indéfectibles sont tissés avec la firme au diamant…et l’Empire du Soleil Levant !

En 91, le jeune Makinen court peu mais se fait remarquer chez lui lors des 1000 Lacs en décrochant la 5ème place au volant d’une Mazda 323. Au début des années 90, la « mode » des finlandais volants s’essouffle un peu, les latins débarquent et s’imposent, à l’image d’Auriol et Sainz. Au contraire de ses prédécesseurs comme Henri Toivonen, la carrière de Makinen à du mal à décoller et c’est principalement grâce à l’homme d’affaire Timo Jouhki que Tommi doit son salut. Le nouveau Flying Finn trouve refuge chez Nissan pour faire quelques épreuves mondiales en 1992 au volant de la peu véloce Sunny GTI-R.

Pour entamer cette nouvelle campagne, Tommi Makinen débarque à Monté Carlo avec des ambitions réalistes mais une rage au ventre peu commune.

Je l’avoue, je n’ai jamais été particulièrement fan de Tommi Makinen mais force est de constater que « la méthode Makinen » ça marche ! Et 25 ans plus tard, ça fonctionne toujours non ? L’homme est peu loquace, il est souvent en conflit avec ses équipiers car il veut tout contrôler, tout décider, il veut être Le leader et que l’équipe se plie à ses doléances. Mais Tommi possède le feu sacré, il est doué d’un « car contrôle » impressionnant et sa reconnaissance tardive le transcende ! C’est un pilote déterminé, sans états d’âmes, il ne fait confiance qu’à lui même et semble imperméable à la pression. C’est un infatigable travailleur qui possède une force physique et mentale impressionnante. Tommi est obstiné et ne capitule pas…Et ça paye !  

Un peu à l’image de Colin Mc Rae, Makinen recherche absolument à parcourir le moins de distance possible. Son style ne « fait pas dans la dentelle » : il élargit la route partout et rogne les cordes parfois au-delà des limites du raisonnable. Il coupe, plonge, défriche… Makinen, c’est le « Flying Forester » ! Comme Colin, Tommi est animé par une seule obsession : rester à fond le plus longtemps possible. Parfois ça casse mais le plus souvent, ça passe ! La seconde place lui est insupportable, il Veut vaincre. Néanmoins, en dépit de cette attaque de tous les instants, Tommi Makinen est rusé, instinctif, intelligent et va devenir, sur les routes du Monté Carlo et ailleurs une véritable machine à gagner. Il a rapidement compris que pour vaincre sur asphalte, il fallait adopter un pilotage plus typé circuit, plus fluide. Tout en conservant son agressivité et une attaque permanente, Tommi va ainsi progressivement plus enrouler les cordes que les couper. Ce n’est pas un hasard s’il deviendra lui aussi un précurseur, un modèle, la référence de la fin du 20ème siècle ! Il est capable de gagner sur des terrains aussi différents que le Monté Carlo ou le toboggan finlandais, que la neige suédoise ou l’asphalte italien !

 

Au cours du Monté Carlo 1992, avec son équipier François Chatriot chez Nissan, Tommi va évoluer loin d’Auriol, Sainz et Cie mais il apprend vite et finit « sagement » à la 9ème place. Et puis, à le ferme de Bourlatier dans Burzet, sur un plateau totalement glacé, j’ai pu admirer le pilote de la Sunny GTI déboulant à prés de 200km/H pour inscrire franchement sa monture à la corde du dernier droite puis de maitriser une impressionnante glisse en frôlant les piquets…Magistral!

La Nissan ne lui permettra pas de particulièrement briller lors de cette saison mais les observateurs les plus avisés remarquèrent tout de même qu’avant son abandon aux 1000 Lacs, Tommi avait posé une véritable valise à tout le monde dans l’ultra rapide Valkola, à 127 km/h de moyenne…Quand il s’agit de rester à fond !...

 

En 93, il dispose d’un mini programme au volant d’une Lancia venant du team Astra et le « phénomène Makinen » serait peut être passé aux oubliettes sans une époustouflante prestation aux 1000 Lacs où il décroche la 4ème Place ! Avec une auto privée manquant un peu de performance, Tommi réalise le 3ème temps dans Ouninpohja à 9’’ de la Celica du vainqueur Kankkunen ( un signe !) puis réussi 3 scratchs devant KKK, Vatanen, Auriol…Un signe !

 

1994 débute avec Nissan, laborieusement, puis Ford fait appel au « bucheron finlandais » pour participer… aux 1000 Lacs au volant d’une Escort officielle afin de remplacer François Delecour accidenté. Résultat : une première victoire mondiale ! Le rouleau compresseur est en route !

 

En 1995, Tommi Makinen devient pilote officiel Mitsubishi Ralliart et possède, enfin, les cartes en main pour montrer de quel bois il se chauffe ! Le finlandais remet les roues sur les routes du Monté Carlo et effectue une superbe prestation, surtout sur la neige et le verglas. Alors que le patron du rallye est indiscutablement François Delecour et sa Ford, celle-ci connait quelques soucis qui permirent à Sainz et Subaru de souffler la victoire au français. Alors que François réussi quelques chronos d’anthologie dans St Michel les Portes et Rosans, c’est Tommi Makinen qui réalise les 2ème temps…Le podium était accessible pour le finlandais mais il devra se contenter de la 4ème place suite à des problèmes mécaniques.

Un peu plus tard dans la saison, Tommi va à nouveau épingler les 1000 Lacs à son palmarès.

Le Monté Carlo n’est pas au calendrier mondial en 1996 ( stupide !) mais Makinen, au volant d’une Lancer Evo 3,  va survoler la saison : victoire en Suède, au Kenya, en Argentine, aux 1000 Lacs, en Australie et le voici, à 32 ans, champion du monde des rallyes !

 

1997, le pilote Mitsubishi revient à Monté Carlo et débute la 65ème édition avec des ambitions mais sur un terrain très piégeux, il finit par craquer et laisse la Subaru d’un étonnant et excellent Pierro Liatti s’imposer. Tommi finit 3ème derrière la Ford de Sainz. Il dominera ensuite le reste de la saison et décrochera un nouveau titre. Remarquons l’exploit du jeune stéphanois Cédric Robert qui a maté tous ses petits camarades européens en Fiat Cinquecento et signa des temps exceptionnels, notamment de nuit ! Il a même dominé un certain Galli…

 

Sur une Lancer Evo 4 parfaitement à sa main, le finlandais prend le départ de la 66ème édition du Monté Carlo avec la ferme intention de frapper d’emblée ! Et ça part fort, très fort… Il est leader après 4 ES, dans les Savoyons, sur le verglas, Tommi tente le tout pour le tout et, en 27 Km, il pose 44’’8 à Liatti, 46 à Sainz…Il possède alors plus d’une minute d’avance sur l’Espagnol. Il n’empêche, le guerrier de Mitsubishi décide malgré tout d’enfoncer le clou dans le chrono suivant où il se fait « Hara Kiri » … Sortie définitive ! Excès de confiance ? D’orgueil ? Sainz remporte le rallye mais Tommi reviendra et cette fois ci, il restera sur la route !

Avec un 3ème titre de champion du monde en poche, le palmarès de Tommi Makinen est désormais plus que respectable mais il y a encore une case vide, un triomphe sans lequel il ne peut prétendre être, tout à fait,  un seigneur de la route, une légende du rallye… Il est en quête du graal !

 

Au départ du Monté Carlo 99 et de ses 425 km de chronos, le roi Makinen est déterminé. Il sait que la Lancer Evo 6 est faite pour lui, par lui, il sait que sa science de la course lui évitera désormais les erreurs du passé. Mais la concurrence est rude : Mc Rae, Kankkunen, Auriol, Delecour, Thiry, …Contre toute attente, c’est un pilote privé qui va lui donner le plus de fil à retordre, Gilles Panizzi. Au volant d’une Subaru WRC, les frangins Panizzi relègue Makinen de 49’’ dans Bif et mènent le rallye un temps…avant de sortir !  Makinen garde son sang froid et remporte le rallye devant la Subaru de Kankkunen et la Corolla d’Auriol. Triplé Japonais ! Le « Samouraï Finlandais » devient un héros, au Japon il sera bientôt un demi - dieu !

 

L’année suivante, avec une 4ème couronne mondiale sur un CV déjà bien conséquent, Makinen domine à nouveau la classique Monégasque, il est impressionnant de maitrise et se trouve vite esseulé. Sainz et Kankkunen complètent le podium mais il n’y a pas eu de match ! A noter la perf du jeune Toni Gardemeister qui signe des chronos prodigieux au volant d’une Seat Cordoba et la magnifique prestation, à nouveau,  de Cédric Robert qui rentre dans le top 20 au volant d’une 106 S16 ! Et avec le style !...

 

En 2001, Tommi Makinen arrive sur le Monté Carlo dépossédé de sa couronne mondiale par son compatriote Marcus Gronholm. Il est toujours pilote Mitsubishi et cette année, la menace semble surtout venir de Ford avec sa triplette Mc Rae - Sainz - Delecour ! Et en effet, les 3 Ford sont très rapides. Dés le 4ème chrono, Colin Mc Rae semble mettre la main sur le rallye mais la menace finlandaise ne va pas tarder à se préciser, notamment dans Sisteron où Tommi relègue un Delecour en furie à 11’’, Sainz à 14 et le leader à 21’’… Dans ce difficile et mythique chrono de 32 km, une petite Saxo rouge fait également sensation, son jeune pilote domine sa référence d’équipier, un certain Philippe Bugalski…Un présage ! Malgré les attaques incessantes des Ford - Boys, rien ne viendra perturber le nouveau Prince de Monaco qui décroche là une 3ème victoire de rang. Makinen est imbattable, à nouveau !

 

 

Le grand Richard Burns, un des plus grands « styliste » de l’histoire du rallye sera champion du monde en 2001 au volant d’une Impreza WRC. Récupéré par Peugeot, la pépite anglaise laisse son baquet à Tommi qui roule toujours sa bosse chez les japonais mais qui est  désormais officiel Subaru aux côtés de l’espoir Norvégien Peter Solberg. Ce dernier signe d’ailleurs 5 scratchs lors de l’édition 2002… mais aussi quelques erreurs. Tommi part avec le statut de favori mais ce Monté Carlo, pour le triple vainqueur, va sonner comme un avertissement, une fin de règne programmée ! Au volant de sa Xsara WRC, le jeune prodige Sébastien Loeb atomise la concurrence, particulièrement dans Sisteron, et réalise la course parfaite. Le finlandais volant est assommé, impuissant. Les autres pilotes aussi !

Sébastien remporte la course avant d’écoper de 2 minutes de pénalité à cause d’une négligence de son écurie mais surtout à cause d’une équipe adverse pour qui le sport passe bien après les intérêts…

Le prodige alsacien chute à la seconde place. Makinen décroche un 4ème sacre à Monaco, après ces 4 titres de champion du monde et demeure, à tout jamais, un géant de la route et du Monté Carlo !

 

Mais la couronne du roi vacille, l’aube d’une passation de pouvoir se profile !

 

Jeff Boulet


  • Tom, Tofrallye29, mo25 et 2 autres aiment ceci

#2 nico 01

nico 01

    pilote GTO

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Posté lundi 22 janvier 2018 à 14:41

Sympa ce "petit" retour en arrière !!! :love:



#3 papili

papili

    Pilote Boeing Full Evo

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Posté lundi 22 janvier 2018 à 17:51

Merci pour ce magnifique résumé  ;)

Now, the show must go on !!!



#4 Guest_mask_*

Guest_mask_*
  • Invité

Posté lundi 22 janvier 2018 à 18:14

 

 

dans Sisteron où Tommi relègue un Delecour en furie à 11’’, Sainz à 14 et le leader à 21’’…

 

Magique ce jour là Tommi. Il me reste une image, entre chien et loup, d'une corde de la Mitsu et des gerbes d'etincelles d'une taille inimaginable  :eek:


  • kit 74 aime ceci

#5 cubiman

cubiman

    Pilote limogé

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  • Localisationbetween Antraïgues & Burzet

Posté jeudi 15 février 2018 à 11:01

:top:

 

Si je me souviens bien, en 98 pour la 66ème édition... il abandonne sur le routier en liaison en percutant une voiture...



#6 cubiman

cubiman

    Pilote limogé

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  • Localisationbetween Antraïgues & Burzet

Posté jeudi 15 février 2018 à 11:08

... et pourtant non visiblement !!!  :hein3:  ot_a_180_makinen_1.jpg



#7 Mcrae-Neuville

Mcrae-Neuville

    Valentino

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Posté mercredi 11 novembre 2020 à 18:06

:top:

 

Si je me souviens bien, en 98 pour la 66ème édition... il abandonne sur le routier en liaison en percutant une voiture...

 

Non c'était bien en spécial, sur de la neige en glisse, il tombe dans un bas cotés, tape un flanc de montagne et tonneaux.
 



#8 nonodvil

nonodvil
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  • LocalisationMaine et Loire

Posté jeudi 12 novembre 2020 à 10:52

Des photos du grand Makinen lors de cette édition 1998 :

 

 

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