Bon à cette heure ci c'est entre les deux ! Faudra choisir pour les couche-tard et lève-tôt !
Après avoir passé 25 ans sur le bord des spéciales dont 7 derrière la caméra, à l’aube de mes 30 ans, j’ai décidé que le rêve de faire un rallye pouvait devenir réalité.
Avec pour expérience de nombreuses heures de jeux vidéos et une petite dizaine de sessions de karting, je me vais réaliser mon rêve de gosse. 
Samedi 4 novembre 2023, 9h, me voilà au départ de l’ES1 pour les premières reconnaissances de ma vie.
Bien aidé par mon copilote en or, Julien Lefebvre, nous nous appliquons énormément sur les recos. Un premier passage pour les angles de virage, un deuxième pour les indications de trajectoire ainsi que les repères et un 3ème pour vérifier tout ça et ajuster certaines notes !
La 1ère, tout en montée, est assez simple à noter même s’il est compliqué d’imaginer les trajectoires quand nous avons 2 voies larges sur la première partie.
La 2ème nécessite beaucoup de concentration avec des virages qui s'enchainent et ferment sans trop de repère. La partie après le col Saint Roch est plus connue mais non moins compliquée à noter.
La Pallarea dont on connait tous le grip inexistant ne pardonnera pas d’erreur de trajectoire. Il est donc important de rester concentrés pendant les recos.
Nous pensons avoir bien fait le taff, surtout Julien qui me confirme ça et me met en confiance. 
Dans les jours qui suivent je visionne les caméras des recos et modifie quelques repères et indications. Je suis vraiment content d’avoir réussi en seulement 3 passages à avoir des notes qui me parlent et qui me permettront de me concentrer que sur mon pilotage.
Le vendredi matin, nous retrouvons au sommet du Col de Braus le Team JDA SPORT qui me loue la 208 R2 pour les 20km d’essais d’avant rallye.
Ces essais sont les 2èmes pour moi puisque j’ai effectué une première séance en juin pour ne pas arriver le week-end du rallye dans l’inconnue totale. La base est très rapide et correspond au début de la 1ère ES du rallye.
Suite aux bonnes sensations de juin, après un premier run pour chauffer les pneus, je veux rapidement passer en mode rallye et mettre du rythme dès le début. Arriver sur mon premier demi-tour au frein à main, je cale et impossible de redémarrer la voiture pendant sûrement plus de 2 minutes. 
J’avais cette crainte de caler après que ça me soit arrivé plusieurs fois en juin. Pendant ces minutes, je m’énerve voyant ma crainte devenir réalité et étant déçu de moi de répéter cette erreur. Heureusement Julien reste d’un calme exceptionnel et me permet de me reconcentrer et réussir faire rugir le moteur. Le retour se fait sur un gros rythme avec un train arrière qui s’échappe légèrement dans un virage rapide. Je sens que mes sensations de juin sont bien restées.
Les autres runs se passent superbement bien avec des procédures de départ et épingles au frein à main réussies. C’était 2 des objectifs que je m’étais fixés.. Cependant, je n’ai aucune idée d’où je me situerai au classement. J’ai la crainte d’être déçu de mon classement même s’il ne sera qu'accessoire tant le plaisir est immense.
Pour profiter à fond du week-end, je suis Julien pour les vérifs. A la sortie des vérifs techniques, premier pointage ! Je ne pensais pas que notre rallye allait réellement commencer ce soir ! Nous descendons au parc fermé l’auto et je profite de ce moment déjà magique. Une bonne nuit et rendez-vous demain
Nous nous retrouvons le samedi matin au parc 2h avant notre heure de départ pour discuter avec le team et encore une fois vivre mon rallye à fond. Hors de question de traîner au lit ce matin !
L’heure de récupérer la voiture au parc est venue. Je suis Julien comme son ombre. Il maîtrise complètement son sujet et je sens que le stress ne monte pas trop grâce à son assurance. Je comprends au moment de démarrer l’auto qu’on y est vraiment ! Même si l’enfant qui est en moi trouve ça incroyable, la concentration arrive naturellement.
La distance à parcourir avant le parc d’assistance étant courte, le temps pour pointer est court. C’était sans compter sur un accrochage entre une voiture et un moto juste devant nous. Heureusement mon copilote professionnel sort de l’auto et me fait la circulation … ouf.
A l'assistance, rien de particulier, le temps de fixer la gopro, on part pour le premier tour. Tant mieux parce que la pression et l’impatience montent vite à attendre ici !
Comme prévu Julien me guide au doigt et à l'œil pour la chauffe des pneus et freins ainsi que l’endroit où se sangler.
Ca y est Julien à pointer nous passons le CH et nous retrouvons devant ma première ligne de départ !
Étonnamment je me sens très bien, la pression ne m’a pas envahie, j’ai juste l’envie de faire au mieux.
10s j’enclenche la 1ère, 3-2-1 c’est partit !!
Je commence sans en rajouter je prend les traces de pneus en repère pour mes freinages. Je prends quelques freinages pour me rendre compte que je peux freiner bien plus tard que les premières traces. Pas grave, je rectifie pour la suite. La montée du Braus n’est pas très intéressante jusqu’au plateau ou des enchaînements rapides procurent pas mal de plaisir. Par contre je me rend compte que les virages notés à fond passe à fond et c’est une primordial pour ma confiance. La montée de l’ablé se passe bien sans prendre de risques. Je prends même ma première corde.
A l’arrivée, je suis hyper content. J’ai pu rouler au rythme qui était plus ou moins celui de mes essais. Julien semble satisfait de notre ES ! Alors que je m'imaginais regarder le classement directement, j’ai pas le réflexe de regarder le tableau d’affichage. J’ai également pas le temps de regarder mon tél donc nous nous dirigeons vers la 2ème ES sans connaître notre classement. Je me dis que c’est pas plus mal ! Vu comme je me suis régalé, aucun intérêt de savoir où nous nous situons. Au moment où je m’y attendais pas Julien m’annonce simplement : 38ème temps, 2nd de classe ! Cette phrase me donne presque une sensation de soulagement me disant dans ma tête avec la banane : Je suis pas nul !!!!
Pas d’enflammade, nous arrivons à l’endroit où Julien souhaite qu’on se casque. Ah oui pendant que je me casque difficilement, lui, prend les pressions, range son tél, prends son carnet, se casque et se sangle. Il m'impressionne à chaque zone de casquage/décasquage.
Nous voilà au départ de cette 2ème ES, toute en descente, avec une partie inconnue et l’autre très connue. Je sais que ma famille et mes potes sont dans celle-là ! J’ai la pression d’arriver jusqu’au Saint Roch où ils sont postés ! J’attends le départ en disant à Julien que je vais pas en rajouter, sacrifier les pièges, comme dans la 1ère.
C’est parti ! Premier virage, pneus légèrement froids, l’arrière m’échappe mais je le rattrape facilement, pas de soucis je garde le tempo. Et la s'enchaînent les virages les uns après les autres avec pas mal de spectateurs qui nous motive, je prends encore plus de plaisir à rouler. Plus je mets de rythme, plus je prends confiance. Je suis ultra concentré mais je sens inconsciemment que je peux pas rouler beaucoup plus vite. J’arrive au col Saint Roch et sa descente plus connue. Je ne change pas mon rythme et on arrive en bas avec la banane et la satisfaction du travail très bien fait.
Quelques minutes après, Julien m’annonce 17ème temps, 1er de classe ! Je savais que j’avais bien roulé mais aucune idée de ce qu'avait fait les autres. La “longue” liaison vers Blausasc permet de décompresser. On en profite pour déguster une part de tarte aux pommes offerte par le restaurant Chez Mumu et faire coucou aux enfants sur le bord de la route !
On se fixe comme objectif de faire la Pallarea sans bêtises, pour pouvoir profiter du second tour de nuit.
Pourtant 4 virages après le départ, je dois récupérer l’auto à grands coups de volant pour la laisser sur la route. Même si je le savais, le grip est quasi inexistant. Je roule donc propre sans prendre de risque et sacrifie les freinages pièges jusqu’à la route de la carrière qui donne plus de grip. A partir de là je me sens libéré et retarde au maximum les freinages des 2 épingles pour mon plaisir et celui de ceux qui étaient là !
A la sortie de l’ES, je pense qu’on va perdre du temps mais on aura fini cette petite ES piégeuse avec la voiture entière ! Et là on apprend notre 12ème temps et 1er de classe IN-CRO-YA-BLE, cette ES est vraiment particulière. Nous faisons notre meilleure perf alors que je me suis trouvé bien trop prudent.
On rentre au regroupement 18ème et premier R2 après un passage par la case interview sur le podium et les félicitations du Team et des proches.
Même si notre reclassement à réduit le temps de regroupement, le temps est long. De même pour l'assistance qui suit. L’idée de rester en tête du R2 me trotte dans la tête mais j’essaie de bien l’évacuer.
La nuit tombe et je commence à me sentir un peu fatigué nerveusement et moins concentré. Pas grave, je pars de l’assistance avec l’idée en tête que si je ne peux pas garder le même rythme que ce matin ce ne sera pas un soucis, je roulerai comme je le peux sans me forcer.
Pour la première fois je roule avec une rampe ! Je la teste en liaison, c’est fascinant comme ça éclaire. J’ai vraiment pas l’impression que je serais gêné par la nuit. Le plus compliqué finalement c’est le casquage/sanglage ! Une fois le casque mis par contre, la concentration revient instantanément et la volonté de bien faire également.
Cette 4ème spéciale se passe très bien malgré une épingle où je me suis un peu bloqué. Piloter la nuit c'est vraiment grisant, on voit autant que le jour la route mais la sensation d'être seuls au monde dans notre tunnel de lumière est grandiose. Nous améliorons de 3s et on scratch en R2.
A ce moment, au-delà du plaisir de rouler je me dis quand même que ça serait con de ne pas gagner la classe quand on en est là.
La liaison se passe bien, on se casque, on pointe et, après le CH, Julien se rend compte qu’il y a un arrêt de course …
On se déséquipe mais pas trop parce qu'il ne fait pas chaud ! On discute avec Julien et je prends le max d’info pour savoir comment faire réchauffer rapidement les pneus avant le départ. Malheureusement, en 100m, c’est impossible, nous allons donc devoir rouler avec les pneus froids.
Sachant que nous sommes sur des œufs, je sacrifie le début de l’ES mais les freinages sont compliqués, l’arrière veut tout le temps passer devant … Les premiers kilomètres sont un enfer. Après environ 3km à la sortie d’un virage rapide en aveugle, j'aperçois un spectateur agitant les bras en croix sur la route. Je me jette sur les freins en essayant de m'arrêter le plus vite possible sans se mettre dehors. On arrive sur les lieux de la sortie d’un concurrent parti devant nous qui bloque la route. La spéciale se termine donc en liaison pour nous.
C’est dommage d’être privé des plusieurs kilomètres de spéciale, mais les conditions étaient tellement délicates avec les pneus froids que le plaisir n’était pas trop présent.
La liaison vers le podium est géniale, on a la banane, on rigole, même si le temps forfaitaire n’est pas sorti on se doute qu’on va gagner la classe.
Nous attendons au parc avant le podium le temps forfaitaire. C’est fait ! Sans surprise nous remportons la classe R2 et finissons 15ème au scratch.
On se dirige vers le podium, tout le team et nos proches sont là ! Ça crépite comme au Palais des Festivals ! On récupère nos belles coupes et nous garons la voiture au parc fermé pour clôturer le rallye. Sans oublier de récupérer les plaques pour en garder un souvenir supplémentaire…..
Voilà le débrief de mon rallye qui ne pouvait pas mieux se passer de par le résultat mais surtout le plaisir que j’ai pris durant ce week-end.
Bien entendu j’ai énormément de personnes à remercier, sans qui cette expérience n’aurait pas été autant réussie.
En premier lieu Julien le copilote usine et qui est un mec exceptionnel ! J’étais débutant mais son expérience et sa capacité à la partager m’ont permis de sauter des étapes par lesquelles les débutants doivent passer. Cette victoire de classe y est pour bien plus que l’on pense. Jamais j’aurai imaginé le rôle aussi important qu’il aurait.
Je remercie les frères Latella du Team JDA SPORT qui m’ont fourni une voiture qui marche du feu de dieu et qui n’a connu aucun souci technique en essai ou pendant le rallye. Ils n’ont pas non plus été avares de conseils et l’ambiance familiale du team ma mit directement à l’aise.
Merci également à tous les gens du monde du rallye qui nous ont félicités pour notre rallye. Ils ont été nombreux et j’ai été touché par tous ces compliments de personnes inconnues il y a peu !
Et bien sûr ma famille et ma copine de m'avoir suivi à fond dans cette fabuleuse aventure.
Maintenant comme beaucoup me l’ont dit, je ne peux pas en rester là. Le budget lui me dit l’inverse !
Je suis parti pour un one shot, l'avenir choisira la suite si des opportunités se présentent
Merci de m’avoir lu, j'espère que ça pourra donner envie à certains de franchir le pas.
N’hésitez pas, ça vaut largement le coup 
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