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Rallye Monte-Carlo 1911


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#1 HT2007

HT2007
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Posté mardi 13 janvier 2015 à 14:54

Le Sport Automobile possède quatre épreuves mythiques dont chacune, véritable monument sportif, représente une spécialité : le Rallye Monte-Carlo, Indianapolis, les 24 H du Mans, le GP de Monaco. On pourrait leur associer éventuellement la course de côte du mont Ventoux, bien que de moindre importance mais possédant un passé très riche dans une discipline non négligeable.

Le doyen des rallyes, le Rallye Monte-Carlo, devenu le plus prestigieux et le plus célèbre au monde, est tout simplement né d’une rivalité entre deux villes concurrentes, dont l’objectif principal était d’ordre commercial.

En ce début du XXe siècle, le tourisme est déjà une priorité dans cette région attrayante du sud-est de la France. Nice, très prisée par la riche clientèle européenne, est un peu la capitale de la Côte d’Azur. Cependant, Monaco, outre des palaces, possède son prestigieux casino construit en 1878, dont la renommée est internationale. Mais la ville de Nice est plus dynamique, ne serait-ce qu’au niveau sportif, et plus particulièrement en ce qui concerne la révolution sociale du début du siècle : l’automobile. A Nice, on a compris toute l’importance qu’elle peut revêtir dans l’avenir. C’est ainsi qu’elle développe, grâce à son Automobile-Club créé en 1896 juste après l’ACF, une intense activité dès 1897 avec la course de côte de la Turbie, le Meeting de Nice, la course Marseille Nice, la course Nice – Draguignan – Nice, la Coupe Provinciale…

SAS le Prince Albert Ier (1889-1922), passionné par les nouvelles techniques, incite alors son entourage à étudier une manifestation sportive automobile, puisqu’existent déjà un Concours d’Élégance automobile, un Concours International de canots automobiles et de nombreuses épreuves cyclistes.

1911-1939

C’est évidemment vers l’association « Sport Automobile Vélocipédique Monégasque » (SAVM), qui a vu le jour en 1907 lorsque le très actif « Sport Vélocipédique Monégasque » accepte l’automobile, que tous les regards se tournent.

Peu après l’élection du président Alexandre Noghès fin octobre 1909, le projet d’un rallye automobile est lancé. Rapidement, le projet prend corps sur l’idée avancée par un membre du Conseil, Me Gabriel Vialon, qui s’inspire d’une célèbre épreuve cycliste italienne « Convegni Ciclisti » : faire converger vers une ville le plus grand nombre de participants du plus grand nombre de points de départ.

Pourquoi, alors, ne pas appliquer cette formule à l’automobile, se disent-ils, et prendre Monaco comme point de ralliement, l’étendre (sur la suggestion d’Antony Noghès, le fils du président) à toute l’Europe et l’organiser en hiver pour concurrencer Nice et son fameux carnaval ?

L’idée étant retenue, le président de la Commission sportive, Me Lucien Le Boucher, s’attelle aussitôt au travail. A cause de nombreuses tracasseries administratives, il ne parvient pas à organiser l’épreuve pour 1910.

 

Avec l’accord officiel, en juillet 1910, du gouvernement monégasque, pour un rallye automobile en 1911, on s’empresse de contacter les Automobile-Clubs européens censés être intéressés par l’organisation des départs ou des passages des concurrents. La machine est bien lancée, d’autant plus que le financement est assuré par la Société des Bains de Mer.

Premier travail : établir le règlement du « Rallye Automobile Monaco » (telle est sa véritable première dénomination). Pour le classement, il est décidé de tenir compte du confort, de l’état et de la propreté du châssis et de la carrosserie à l’arrivée (!), du nombre de personnes transportées, mais aussi, tout de même, d’une moyenne minimale de 10 km/h par jour sur 24 heures (soit 240 km par jour) à tenir du départ à l’arrivée et, enfin, de la distance parcourue. Seuls les propriétaires affiliés à un Automobile-Club peuvent participer. Pour cela les voitures sont plombées. Elles doivent porter durant toute la course deux drapeaux (l’un de leur pays, l’autre monégasque), plus deux pancartes (l’ancêtre de la plaque de rallye) avec l’inscription « Rallye Automobile Monaco » et s’élancer de l’une des onze villes sélectionnées. Le parcours et les dates de départ sont libres, mais les contrôles de passage (fermés de 22 h à 7 h) sont définis. L’arrivée est fixée au 28 janvier, dernier délai.

Dans ces conditions, vingt-trois voitures s’élancent de six villes : 3 de Berlin (1 700 km), 4 de Bruxelles (1 340 km), 2 de Vienne (1 319 km), 1 de Boulogne-sur-Mer (1 272 km), 11 de Paris (1 020 km), 2 de Genève (670 km).

 

La première à partir est la Dürkopp de von Esmarch. Elle quitte Berlin le 21 janvier. Le 25, jour où la presse commente les départs de Paris, elle atteint Monaco. Puis arrivent, dans la nuit du 25 au 26, venant de Berlin, Julius Beutler sur un phaéton landaulet Martini, et le 26, venant de Paris, Henri Rougier sur un double coupé Turcat-Méry. Un mouvement dense de curiosité parcourt Monaco où les voitures sont garées, à mesure qu’elles arrivent, à la Condamine sur le parc des canots automobiles.

Avec plus ou moins de difficultés, seize voitures rallient la Principauté. Si, sur le territoire français, seul un peu de verglas handicape les concurrents, il en est tout autrement en Autriche où la température descend à – 18°. L’essence gèle et les routes sont recouvertes d’une épaisse couche (jusqu’à 40 cm) de neige glacée. Certains perdront du temps en se présentant peu après la fermeture des contrôles, retardés aux frontières par de longues formalités de police et de douane.

La moyenne la plus élevée (36,2 km/h) est réussie par le Marseillais Henri Rougier, pilote de course dont le palmarès est déjà respectable (1).

La « cote d’amour », introduite par les classements tels que « confort » et « état de la voiture », rend les opérations du jury laborieuses car subjectives. Elle influence trop le classement général par rapport à la performance sportive, de façon que soit récompensée une limousine, plus proche de la voiture de tourisme traditionnelle. Attirer le tourisme, n’estil pas le but initial recherché ?

C’est pourquoi les résultats définitifs ne sont donnés que le lundi 30 janvier.

Henri Rougier, vainqueur des classements « vitesse » et « confort », remporte le classement général. Il gagne 10 000 F (or) en espèces, un bronze d’art et une coupe : un beau pactole, toutefois bien inférieur aux gains perçus lors de ses meetings aéronautiques en une période où l’aviation est en plein essor. N’a-t-il pas gagné, lors du Meeting d’Héliopolis en Égypte en 1910, 92000 F or?

Beutler vainc au classement « distance parcourue » ; Mironneau, sur une torpédo spider Berliet, gagne celui « état de la voiture », et de Aspiazu, sur une torpédo Gobron, remporte celui « nombre de personnes à bord » (cinq).

 

Et von Esmarch, le premier à atteindre Monaco, que gagne-t-il ? Rien. Outré de sa place de 6e, alors que, provenant de plus loin, il est arrivé près de quinze heures avant Rougier, il refuse les prix et s’abstient de prendre part au défilé. Les organisateurs le déclassent.

L’incident passé, toutes les voitures, avec à leur bord leur équipage au complet, sont alignées sur les allées du Boulingrin, puis défilent sur la place du Casino devant une immense foule. Le lunch au Café de Paris est ensuite fortement apprécié.

La presse, sauf le journal « l’Auto », ne s’en fait guère l’écho. Pourtant, l’expérience s’est avérée concluante.

 

 

 

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La plus puissante voiture classée est le double phaéton La Buire 6cyl. 54 HP de Goldstuck (6e) partie de Paris

 

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La Fiat 16/18 HP Prince Henry du lieutenant Knapp couvrira 1 320 km depuis Vienne

 

Denoncin-Gobron-530x298.jpg

Denoncin et son coupé Gobron 4 cyl. (4e)



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Posté mardi 13 janvier 2015 à 14:55

Le rallye de Monaco 1911

 

   

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Le premier vainqueur, Henri Rougier, pose aux côtés
de son mécanicien et de sa double berline Turcat-Mery.

 

En 1911 eut lieu la première édition du plus ancien et du plus prestigieux des rallyes. Il est intéressant de revenir sur sa genèse. L'automobile, fruit des inventions de géniaux inventeurs, était considérée à ses débuts comme une invention sans réel avenir, tout juste destinée à de jeunes oisifs casse-cous et dangereux pour les passants et les animaux. Malgré cela, grâce aux efforts de marques pionnières, telles que, en France, De Dion Bouton, Panhard et Levassor, ou encore Peugeot, et au travers des premières compétitions, l'automobile marqua les esprits et fonda une nouvelle industrie. Les voitures sans chevaux, à force de perfectionnements, finirent par séduire une clientèle d'acheteurs fortunés. L'automobile était alors un objet de luxe.

Le rallye de Monaco allait naître de la rivalité entre Nice et la principauté. Nice attirant de plus en plus de personnes aisées pendant la saison hivernale, la situation hôtelière de Monaco devenait critique durant cette période. Le succès de la course Paris-Nice donna l'idée au monégasques de créer un concours d'élégance automobile, afin d'attirer une clientèle riche possédant ces véhicules. C'est pourquoi la date de janvier est retenue: le concours frappera l'opinion, les journaux parleront du cadre enchanteur du célèbre rocher, de son beau soleil, ce qui provoquera un afflux de touristes.

Afin de démarquer son concours, l'organisation eut l'idée de créer une épreuve routière, chaque concurrent se rendant d'une importante ville européenne à Monaco au moyen de son véhicule de tourisme. Cette idée avait de nombreux attraits :

- Les autres grandes épreuves, telles que le Paris Berlin, ou la Targa Florio, étaient disputées par de véritables véhicules de course étudiés pour l'occasion. Le rallye de Monaco était lui disputé par des véhicules de tourisme rarement habitués à de longs trajets hors des villes.

- Chaque concurrent devait poser une plaque portant lisiblement la notion "Rallye automobile Monaco", ce qui permettait de faire de la publicité pour la principauté dans les principales villes d'Europe. Accessoirement, la plaque de rallye était née!

A noter que le rallye doit beaucoup à l'énergique Anthony Noghès, alors âgé de vingt ans et fils du président du "Sport Vélocipédique et Automobile de Monaco", ainsi qu'à maître Gabriel Vialon, qui s'inspira de courses cyclistes de concentration italiennes.

La notion de rallye de l'époque n'a absolument rien à voir avec le rallye moderne. Il faut déjà réaliser que le simple fait de traverser l'Europe et ses arrière-pays mais aussi ses grands axes était déjà en soi un exploit, car les routes n'étaient pas carrossables comme aujourd'hui, beaucoup de chemins étaient en terre, les ornières sévissaient, et la DDE n'existait pas encore. Sans parler des passages à la frontière souvent délicats. Il faut aussi dire que les automobiles de l'époque était moins nombreuses, inconfortables, voire carrément dangereuses par rapport à nos voitures actuelles.

Le rallye lui même ne se déroulait pas du tout comme aujourd'hui: tout d'abord, aucune notion de temps scratch! Et ne perdons pas de vue que le rallye est aussi un concours d'élégance et de confort. Sur les premières éditions, pas de parcours commun, uniquement la concentration. La vitesse horaire moyenne était limitée sur l'ensemble du parcours à 25 km/h. Le classement général était établit par un jury de façon assez... compliquée. Même le jury ne devait pas tout comprendre du règlement. Est déclaré vainqueur celui qui aura le plus de points, sachant que les points sont attribués ainsi:

- 1 point par km/h avec un plafond de 25 km/h
- 1 point pour 100 km parcouru
- 2 points par personne transportée, y compris le mécanicien, mais à l'exclusion du chauffeur
- 0 à 10 points pour le degré de confort des personnes transportées, les bagages étant un élément d'appréciation!
- 0 à 10 points pour l'élégance de la voiture
- 0 à 10 points pour l'état du châssis à l'arrivée
- 0 à 10 points pour la propreté de la carrosserie

Pour la première édition en 1911, il y eut 23 engagés, c'est à dire beaucoup moins que ce qu'espérait l'organisateur. Seulement 20 furent au départ, et tout de même 18 à l'arrivée, ce qui est le meilleur ratio partants/arrivés de toute l'histoire du rallye!

Les Itinéraires:

Genève: 670 km, 2 voitures
Paris : 1020km, 9 voitures
Boulogne sur mer : 1272km, 1 voiture
Vienne : 1319 km, 2 voitures
Bruxelles : 1310 km, 4 voitures
Berlin : 1700km, 2 voitures

 

Le classement Général :

1. Rougier (Turcat-Mery 25HP) Paris
2. Aspiazu (Gobron 40 HP) Paris
3. Beutler (Martini 28/35 HP) Berlin
4. Denoncin (Gobron 20 HP) Paris
5. Testa (Motobloc 16 HP) Paris

 

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Le Berlinois Beutler (Martini 28/35 HP)

 

Autres classements:

Vitesse: 1. Rougier, 2.Aspiazu
Distance parcourue: 1.Beutler,2.Desenfant
Nb de personne à bord : 1.Aspiazu, 2.Lt Knapp
Confortable: 1.Rougier, 2.Beutler
Etat de la voiture 1.Mironneau, 2.Aspiazu et Parreau

Vu la complexité et la subjectivité du règlement, les délibérations du jury furent difficiles et déclarés avec un jour de retard. Rougier est finalement proclamé vainqueur, ce qui provoque le courroux du capitaine von Esmach, qui partant de Berlin était le premier à arriver à Monaco (les départs des différentes villes étant décalées suivant la distance à parcourir) avec la meilleure moyenne de 22,655 km/h. Cet incident fit grand bruit et fit craindre à l'organisation la mort du rallye. Surtout qu'il n'y avait eu que peu de partants.

Cependant, le rallye fut aussi un événement, il se poursuivit en 1912 avec 88 engagés (65 partants). Il n'y aura pas d'édition en 1913 ou 1914. Après la grande guerre, devenu rallye de Monte Carlo, il ne reprit qu'en 1924 et connut une évolution permanente jusqu'à devenir le rallye que nous connaissons aujourd'hui.

Pour réaliser cet article, j'ai utilisé les documents cités ci-dessous, et principalement le livre de Jean-François Jacob.

Philippe CALLAIS
pour le Team Forum Rally-Live (2002)

Sources:

* Jean-François Jacob, "Monte-Carlo, 60 ans de rallyes", éditions Robert Laffont, 1973
* Maurice Louche, "Le rallye de Monte-Carlo au XXe siècle", éditions Maurice Louche, 2001
* Marc-Antoine Collin, "Hotchkiss et le rallye de Monte-Carlo", Automobilia n°22, février 1998

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Equipage Turcat - Mery

 

Turcat-Mery-HP-25.jpg



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HT2007
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Posté mercredi 28 décembre 2016 à 16:22

1911_rally_monte-carlo.jpg

 

Le 1er parc fermé

 

parc fermé MC 1911.jpg



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Posté mercredi 28 décembre 2016 à 16:22

rmc_1911.jpg



#5 HT2007

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Posté mercredi 28 décembre 2016 à 16:26

henri rougier.jpg



#6 HT2007

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Posté jeudi 27 décembre 2018 à 11:06

Henri Rougier Turcat-Mery-HP-25.jpg

 

montec11.jpg

 

vainqueur Rallye_Monte_Carlo_1911.jpg



#7 HT2007

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Posté samedi 31 octobre 2020 à 08:41

montecarlo 2.jpg


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